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mij2014
10 février 2014

Colette - Un lieu, quatre moments

À chaque saison, ma maison se fait caméléon grâce aux huit grands tilleuls bien plus que centenaires. Ce sont de vrais notables qui se reflètent sur les murs en pierres du pays. Ils entrent dans mon domaine, en été, pour dispenser fraîcheur et douceur.
Jamais ils ne meurent, ils s’endorment doucement et avec élégance se déshabillent. Le vent les aide un peu. Un tourbillon, oubliant leur pudeur, jette aux loin leurs feuilles qui tapissent le sol, encombrent les gouttières.
Je sais que sous la terre il protège la sève qui les habite et les réveillera le jour où il faudra. Je ne ferme jamais les tentures pour profiter à chaque heure de leur puissance, leur majesté, leur énergie si communicative.

Entrez vous réchauffer, secouez vos panards, laissez bien au-dehors la neige toute fraîche qui recouvre le sol au pied des cathédrales que sont ces huit tilleuls.
Jetez donc un regard par la vitre embuée de vos respirations. Frottez avec la main, faites une lucarne. Laissez-vous pénétrer, admirez la puissance de ces troncs vigoureux plus ou moins alignés.
Les tilleuls sont fidèles, bien ancrés dans le sol. Les troncs sont droits et hauts, habités à différents niveaux par un nœud dont le cœur profondément troué sera nichoir pour mésanges où naîtront les petits.

Suivez-moi au premier, dix marches nous séparent. Ici, une verrière offre un spectacle grandiose. Tous les troncs se divisent, s’épanouissent en branches vigoureuses.
Les bourgeons, puis les feuilles, en attendant les fleurs, le tout a reverdi. La sève a pénétré les branches les plus hautes, pour donner aux tilleuls leur taille de géant.
Avec chacun je traverse les saisons, je les connais bien tous. Pour le quidam qui ne fait que passer, ils sont tous les mêmes. Pour moi, ils sont uniques, chacun a son charme, sa séduction : ils me captivent !

Plus que dix marches et nous sommes là où je voulais vous mener.
Découpé dans le toit, un tableau merveilleux, perpétuel de saison en saison, aujourd’hui tout fleuri et de senteurs uniques. Nous pénétrons heureux dans ce lieu de repos et de relaxation. Le silence se fait, ne reste que le bruit de nos respirations, d’explosion intérieure : osmose. ..
Nous nous perdons dans l'immense canopée. Nous sommes là où si souvent, dans ma solitude passée, j'ai dégusté le déploiement des feuilles après l'éclatement des bourgeons que j'ai vus naître tout petits, tout petits. J'ai découvert le nid que j'avais soupçonné tant la vie étais folle le matin au réveil.
Il nous faut redescendre, retrouver les racines, mais ne pas oublier que la vie est un rêve si nous voulons rêver.

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